jeudi 20 novembre 2008

Etranges étrangers...l'histoire d'Abdou SOILIHI-Le magnifique

Le jeudi, je suis enrôlée dans les cours d'alphabétisation de "l'école des mamans" (où du reste il y a des papas...)
Chaque jour, je me déplace à pied, avec mon petit sac à dos, à fleurs...D'un pas gai et léger, le coeur content et l'esprit en campagne, dans la poussière et la chaleur, si je pars après 6h30 ...Dans la fraîcheur du matin si je suis plus matinale !....
Et le soir...idem.
Mais ce mercredi soir, un peu fatiguée, un peu malade...Je prends le taxi collectif.
Route vers Majicavo pour la modique somme de 1,10 Euros. Je monte, pour finir, la dernière côte vers "home sweet home". Ouf ! maison !
Allez, un p'tit coup d'Internet pour voir si les enfants et les amis ont écrit (c'est ma boîte aux lettres à moi)
Zut ! téléphone ! allo ! oui, non, je n'ai rien perdu...ah ! mon portefeuille -porte monnaie... avec tous mes papiers et ma carte de crédit.....Oups ! Ils ont atterris dans tes mains ? Où ? Comment ? RDV au M'bwi ? Bon, j'arrive !....

J'avais donc oublié mon "porte-feuille-porte-monnaie" dans le taxi, dans lequel j'étais monté à Kawéni et descendu au rond-point du M'biwi (il n'échappera à personne qu'il s'agit d'un café)..
Mon voisin de taxi, Abdou SOILIHI qui revenait chez lui ,à Koropa, avec ses brèdes mafanes pour le Roumazav', m'avait fait l'effet d'un bon grand-père, avec sa cofia, son visage calme et sa musculature sèche.
Abdou SOILIHI était plus qu'un bon grand-père : arrivé dans son village, au moment de descendre, il a trouvé mon porte-monnaie. Il s'est souvenu de moi. Il a pris la pochette et il est revenu en taxi jusqu'à l'endroit où il m'avait vue descendre.
Il n'est pas revenu tout seul, parce qu'il ne parle pas bien français. Il a amené sa fille. Et tous les deux d'errer dans M'zoumgouland, à ma recherche, dans les rues, au café...
Mais je viens d'arriver et ne connais personne dans ce quartier (eu égard, en partie, à l'amplitude de mes journées de travail ...)
Il n'est pas allé à la police ni à la gendarmerie déposer l'objet car c'est un anjouanais, clandestin.

Ce soir là, au café, il a rencontré un professeur de l'école des mamans qui a voulu l'aider, l'a convaincu d'ouvrir la pochette qu'il serrait contre lui et m'a reconnue (si vous ne comprenez pas relisez la première phrase ! bon sang, je l'ai pourtant écrite en caractères gras !!)
Et me voilà au M'biwi avec Abdou, sa fille et le prof ! Après avoir fait connaissance autour d'un verre, nous le raccompagnerons chez lui.
Il nous montrera ses trois enfants (deux filles et un garçon); nous dira son inquiétude pour la plus grande qui entre au lycée et ne pourra peut-être pas présenter le B.A.C, car elle n'a pas la nationalité française...
Il nous dira qu'il veut apprendre le français et je lui dirai de venir à M'Gombani le jeudi...
Mais ce jeudi...C'est grève...Les profs ne sont pas contents.

A M'Gombani, les esprits et les corps s'échauffent vite. M'rengue ! Grosse bagarre dans le quartier. Police ! Cela a-t-il refroidi Abdou SOILIHI ? Je ne l'ai pas vu aujourd'hui au cours d'alphabétisation...
Très étrange rencontre...
Il y a vraiment des moments où l'on n'a l'impression que tout ne nous est pas dit bien que tellement, tellement nous soit donné. Comme de croiser, dans ces circonstances étranges, Abdou SOILIHI, le magnifique.
http://www.ac-nice.fr/lettres/nouveau/articles.php?lng=fr&pg=20

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