Normalisation

"Et si des a-normés souhaitent progresser qu'ils intègrent nos normes et on verra ce que l'on peut faire."

J'ai piqué cette phrase à Kproduct (lien colonne de droite.) Avec la perspective de la départementalisation, une effervescence normalisatrice bat son plein sur l'île !

Alors, allons-y pour l'école toute la journée de 9h00 à 17h00, la garderie avant, la garderie après et la cantine au milieu ! Et dès l'école maternelle ! Et Youpi ! Et Vive la France !

Rien d'autre à f... quà exporter nos c... ? Qu'à ériger nos stupidités en modèles ?

Vous l'aurez noté, je suis un tantinet excédée !

C'est que,voyez vous, j'ai déjà vécu ici il y a une dizaines d'années...De retour depuis 2008, j'ai la désagréable sensation que l'île s'est "normalisée" mais n'a pas progressé...Bien au contraire !

Les activités liées au travail se déroulaient essentiellement le matin, l'école aussi. De 7h00 à 13h00. Cela laissait la place, l'après-midi, à une vraie vie de famille, de village... Bref, la vie ne se résumait pas au travail et aux montages subtils pour faire garder les mômes !

Les Anjouanais, les Grands Comoriens, les Mohéliens, venaient vendre leurs produits à Mayotte (là où afflue l'argent français). Ils restaient parfois trois mois, une saison....Puis repartaient chez eux (70 kms de mer devenus un mur infranchissable, sillonné par la PAF.) Aujourd'hui, ils ne peuvent plus repartir car ils ne sont pas certains de pouvoir revenir. La migration ancestrale entre les îles est devenue le business de passeurs marrons. On y risque sa peau à tout moment et à prix d'or. D'un autre côté, ces migrants ne peuvent pas non plus s'installer, prospérer, parce qu'ils sont irréguliers ! Enfermés dedans, contraints à la misère, ils érigent des tôles de fortune qui s'agglutinent autour des villes à notre grande honte.

Et voilà ti pas que maintenant, on nous promet l'école à plein temps...quelle panacée, en effet ! et on peut être fiers du modèle métropolitain en la matière !

Singer la métropole, est-ce vraiment l'unique solution ?

Dans les années 90, mes enfants ont été scolarisés dans une école mahoraise (école maternelle de Combani puis, école élémentaire du Baobab à Mamoudzou) avec d'autres enfants d'origines diverses (malgaches, métros, mahorais, anjouanais...) Mais aujourd'hui, c'est l'apartheid scolaire : les écoles privées fleurissent qui regroupent les enfants blancs et quelques bourgeois de couleurs qui les légitiment-pensent-elles-

Alors bien sûr, il y a désormais un super marché (Jumbo score !) la TV, le téléphone portable et Internet qui me permet de vous écrire...Et je ne suis pas ennemie du progrès !!! Mais doit-on le payer du prix de la bêtise ! En tout cas, visiblement le prix à payer, de plus en plus c'est la misère, pour les uns, l'insécurité pour les autres car le désespoir est père de la délinquance et parce que nous livrons des troupes d'enfants, d'adolescents à l'abandon et au désespoir. N'avons nous rien appris du passé ?

ps : un p'tit tour sur le titre actif ?